"Je crois en Jésus Christ, qui est monté aux cieux."
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Philippe DARANTIERE, Pour une action
politique catholique. La stratégie du levain dans la pâte (Editions de Paris, Versailles, 2005), pp. 37-39.
La Déclaration des droits de l'homme de 1789 confère un rôle
central à la volonté générale, qui fonde la loi en dehors de
toute référence transcendante. Ce n'est pas l'Etre Suprême qui lui
fixera des limites...
En se proclamant tyrannicide, la Révolution est fondamentalement
déicide. Il s'agit d'un acte idéologique: éliminer un souverain
temporel dont le pouvoir vient de Dieu, c'est chasser Dieu de la
cité pour établir un nouveau pouvoir sans Lui. La raison est
sacralisée, c'est par elle que l'homme découvre sa liberté, et
conçoit l'égalité comme une absence de distinction entre soi et
autrui. Proclamés « libres et égaux entre eux » par
leur naissance, les hommes sont plongés dans un individualisme
souverain. L'égalité qui les relie n'est pas cette égale dignité
de créature de Dieu, rachetée par le même Seigneur Jésus Christ.
Il s'agit au contraire d'une égale indifférence qui place chaque
individu à parité de chance avec son voisin, dans une société où
sa liberté est agrégée aux autres pour produire un fruit
intangible et souverain: la volonté Générale.
Une telle idéologie porte en elle les germes du totalitarisme. Le pouvoir royal reconnaissait au-dessus de lui l'autorité qui l'avait fondé, et qui lui fixait ses limites. Le nouveau pouvoir n'a d'autres limites que celles qu'il se fixe à lui-même par le jeu démiurgique de la Volonté Générale. Quelles peuvent être ces limites? Celle de la Loi Civile, qui devient la seule expression du droit. A l'opposé du christianisme qui fonde sa loi sur un devoir "Aimez-vous les uns les autres comme Je vous aimés" .., la république fonde sa loi sur une déclaration de droits.. La première de ces règles est que la religion cesse d'être une référence pour devenir une opinion, théoriquement protégée par le droit (« nul ne peut être inquiété pour ses opinions »); mais en tant qu'opinion, elle est soumise à la Loi Civile qui lui est supérieure. Dieu est rejeté hors de la sphère politique. C'est le début du relativisme absolu.
Cela semble n'être qu'un aspect nouveau de la conception ancienne
de séparation du temporel et du spirituel. Or il s'agit d'une
substitution entre deux conceptions qui établit une laïcité
triomphante. A partir du moment où le seul fondement du droit
est l'appartenance à la communauté humaine, constituée d'êtres
libres et égaux de naissance, la société s'ordonne de manière
totalement autonome par rapport à Dieu. La finalité du Bien Commun
est privée de sens. Pis, elle est même privée de légitimité.
Puisqu'il n'y a pas de morale supérieure à laquelle se réfère
l'agir humain, la tolérance impose de laisser se produire même ce
qui conduit au mal, du moment que la Loi ne le réprime pas. Or la
Loi s'interdit de définir le Bien et le Mal, elle se contente
d'arbitrer entre les intérêts individuels et collectifs, entre ce
qui est licite et ce qu'elle dit ne l'être pas, souvent de manière
transitoire. C'est ainsi qu'une loi prononcera en France l'expulsion
des religieux en 1905 ou qu'une autre permettra à Hitler d'accéder
au pouvoir en Allemagne en 1933. De nos jours, les religieux ont
droit de cité et la propagande nazie est un délit. Mais l'athéisme
et le totalitarisme sont nés du même berceau: ils sont fils des
idéaux révolutionnaires de 1789.
Pour le convaincre que sa liberté est sans limite, il faut libérer l'homme de tous les interdits: blasphème, profanations, sacs et destructions d'églises, violations de sépultures, exécutions sanglantes de prêtres et de religieuses, tout est bon pour crier à Dieu sa révolte. La Révolution ne peut se comprendre au fond que comme une victoire de Satan: « Je ne servirai pas! ». En ce sens, elle démontre que les actes humains n'échappent pas aux réalités spirituelles, ce qui confirme par un contraste sinistre la vérité de la thèse chrétienne: « Tout pouvoir vient de Dieu ». Vouloir s'en affranchir, c'est déjà le reconnaître, on ne nie pas ce qui n'existe pas.
Loin d'avoir fondé un régime de liberté, la révolution s'enfonce
rapidement dans un désordre sanglant. En dix ans, ce ne sont pas
moins de 9 coups d'Etat... les élections de 1797 et 1798 seront coup
sur coup annulées par le pouvoir avec l'aide de l'armée..
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