lundi 19 septembre 2016

Sur ce qui est dit de l'assassinat du P. Hamel

Mise au point à propos de ce qui est dit ici et là de plus en plus souvent sur le P. Hamel et son assassin.

La méconnaissance de la doctrine catholique de la grâce dans l’Église de notre temps éclate à travers les réflexions qui sont proposées à l'occasion de l'assassinat du P. Hamel : c'est inquiétant quand on pense que l’Église est précisément l'intendant de la grâce en ce monde. Mais par delà l'émotionnel, rappelons-nous quelques vérités.

Tout d'abord, satan n'a pas le pouvoir de tuer les gens. Pour tuer les gens, il est obligé de se trouver des suppôts en ce monde, et ce sont eux qui exécutent ses basses œuvres. Ce fut déjà le cas pour la mort du Christ telle qu'elle est rapportée par les Evangiles. De même, pour tuer les enfants à naître, il lui faut comme suppôts des députés qui votent une loi inique, des ministres de la santé très vigilants sur l'accès universel à l'IVG, des médecins qui prononcent et exécutent la sentence au cas par cas, pour l'indemnité portée à 666 € l'acte. Pour le P. Hamel, c'est aussi la même chose : les suppôts de satan, comme on les appelaient encore il y a peu, sont responsables et de leurs actes, et de la connivence plus ou moins délibérée qu'ils ont avec lui. Ce sont eux les assassins, et à ce titre ils commettent des péchés mortels qui les damneront s'ils ne se convertissent pas. Le P. Hamel, plutôt que de désigner son assassin par les mots sans doute surinterprétés qui ont été repris, exprimait plus vraisemblablement le sentiment de satan qui rôde à l'heure de la mort, comme cela est rapporté de saint Martin de Tours dans les mêmes termes, bien qu'il n'ait pas été assassiné par un islamiste.

Ensuite, la valeur rédemptrice du sang d'un homme, même martyr, ne suffit pas à ouvrir le ciel à un autre homme : le sang du martyr peut tout au plus mériter pour son bourreau des grâces qui aideront sa conversion : ce qui lui permettra de se racheter s'il en a le temps. Le cas le plus fameux dans l'histoire de l’Église est celui de saint Etienne et de saint Paul. Etienne n'a pas gagné le Ciel à Paul, mais lui a obtenu des grâces pour aider une conversion fulgurante, comme l'était le personnage, ce qui lui a ouvert la carrière ecclésiastique que l'on sait. Il n'a donc pas gagné son Ciel, grâce à saint Etienne, tout en persévérant dans la persécution juive du christianisme naissant ; mais bien en se dévouant corps et âme à l'annonce de cette Voie dont il était d'abord l'ennemi. Seul le sang du Christ peut ouvrir le Ciel à tous ceux qui se tournent vers lui pour être sauvés : et encore n'est-ce pas un automatisme aussi saint que puissant, mais il fonctionne par la folie de la prédication. C'est par l'évangélisation des islamistes que le sang de leurs victimes pourra trouver la fécondité qui les arrache à la voie de haine qui les détruit, et leur rende accessibles les chemins d'un changement radical de leur vie : Jésus miséricordieux peut pardonner de tels crimes et les guérir dans la sainte Eglise.


 Enfin, Jésus seul est notre paix, lui qui a fait des deux, un seul peuple ; dans sa chair crucifiée, il a fait tomber ce qui les séparait, le mur de la haine, en supprimant les prescriptions juridiques de la loi de Moïse (cf. Ep 2, 13-16). En supprimant les prescriptions juridiques de la loi, il instaure le culte spirituel, l'adoption filiale proposée à tous les hommes sans exclusive. C'est la raison pour laquelle il est crucial aujourd'hui de relire dans le préambule de la Déclaration sur la Liberté religieuse de Vatican II, l'affirmation de l'unique vraie religion instituée par Dieu, qui subsiste dans l’Église catholique, et le devoir de tous les hommes, personnes et sociétés, de s'interroger en conscience et de se convertir dès lors que cela leur apparaît comme la vérité. Multiplier les démarches interreligieuses en miroir, c'est faire la promotion de ces prescriptions juridiques que le Christ a abolies, et systématiquement tourner le dos à la seule possibilité de paix qui nous soit donnée en ce monde : la Bonne Nouvelle de Jésus Christ notre Seigneur à qui veut l'entendre.