dimanche 30 décembre 2012

"Je crois en Jésus Christ, qui est né de la Vierge Marie."

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES
VŒUX DE NOËL DE LA CURIE ROMAINE
Salle Clémentine
Vendredi
 21 décembre 2012

(Extraits)

La grande joie avec laquelle des familles provenant du monde entier se sont rencontrées à Milan a montré que, malgré toutes les impressions inverses, la famille est forte et vivante encore aujourd’hui. Cependant la crise qui – particulièrement dans le monde occidental – la menace jusque dans ses fondements est aussi incontestable. J’ai été frappé du fait qu’au Synode on a souligné à maintes reprises l’importance de la famille pour la transmission de la foi, comme lieu authentique où se transmettent les formes fondamentales du fait d’être une personne humaine. On les apprend en les vivant et aussi en les souffrant ensemble. Et ainsi, il apparaît avec évidence que la question de la famille n’est pas seulement celle d’une forme sociale déterminée, mais celle de la question de l’être humain lui-même – de la question de ce qu’est l’être humain et de ce qu’il faut faire pour être de façon juste une personne humaine. Dans ce contexte, les défis sont complexes. Il y a avant tout la question de la capacité de l’homme de se lier ou de son manque de liens. L’être humain peut-il se lier pour toute une vie ? Cela correspond-il à sa nature ? N’est-ce pas en opposition avec sa liberté et avec la dimension de son auto-réalisation ? L’être humain devient-il lui-même en demeurant autonome et en entrant en contact avec l’autre uniquement par des relations qu’il peut interrompre à tout moment ? Un lien pour toute la vie est-il en opposition avec la liberté ? Le lien mérite-t-il aussi qu’on en souffre ? Le refus du lien humain, qui se répand toujours plus à cause d’une compréhension erronée de la liberté et de l’auto-réalisation, comme aussi en raison de la fuite devant le support patient de la souffrance, signifie que l’homme demeure fermé sur lui-même et, en dernière analyse, conserve son propre « moi » pour lui-même, et ne le dépasse pas vraiment. Mais c’est seulement dans le don de soi que l’être humain se réalise lui-même, et c’est seulement en s’ouvrant à l’autre, aux autres, aux enfants, à la famille, c’est seulement en se laissant modeler dans la souffrance, qu’il découvre la dimension du fait d’être une personne humaine. Avec le refus de ce lien disparaissent aussi les figures fondamentales de l’existence humaine : le père, la mère, l’enfant ; des dimensions essentielles de l’expérience du fait d’être une personne humaine tombent.
على الرغم من كل  الانطباعات العكسية فالأسرة اليوم لا تزال قوية وحية. لكن الأزمة - وخاصة في العالم الغربي - التي تهددها من أساسها هي أيضا لا جدال فيها. أدهشني حقيقة أن الصيندس قد أكد مرارا على أهمية الأسرة لتوارث الإيمان، كما كرر انها البيئة المناسبة  لتبليغ الأشكال الأساسية للإنسان وكونه الاصيل نتعلمها من المعيشة، وكذلك من المعاناة والتألم معا. وبالتالي يصبح من الواضح أن مسألة الأسرة ليست مسألة الشكل الاجتماعي فحسب، ولكن هي مسألة الانسان نفسه - مسألة ما يكون الإنسان وما يلزم ان يعمل ليكون شخصا بشريا بالمعنى الصحيح


Le Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim, dans un traité soigneusement documenté et profondément touchant, a montré que l’atteinte à l’authentique forme de la famille, constituée d’un père, d’une mère et d’un enfant – une atteinte à laquelle nous nous trouvons exposés aujourd’hui – parvient à une dimension encore plus profonde. Si jusqu’ici nous avons vu comme cause de la crise de la famille un malentendu sur l’essence de la liberté humaine, il devient clair maintenant qu’ici est en jeu la vision de l’être même, de ce que signifie en réalité le fait d’être une personne humaine. Il cite l’affirmation devenue célèbre, de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient ». Dans ces paroles se trouve le fondement de ce qui aujourd’hui, sous le mot « gender », est présenté comme une nouvelle philosophie de la sexualité. Le sexe, selon cette philosophie, n’est plus un donné d’origine de la nature, un donné que l’être humain doit accepter et remplir personnellement de sens, mais c’est un rôle social dont on décide de manière autonome, alors que jusqu’ici c’était à la société d’en décider. La profonde fausseté de cette théorie et de la révolution anthropologique qui y est sous-jacente, est évidente. L’être humain conteste d’avoir une nature préparée à l’avance de sa corporéité, qui caractérise son être de personne. Il nie sa nature et décide qu’elle ne lui est pas donnée comme un fait préparé à l’avance, mais que c’est lui-même qui se la crée. Selon le récit biblique de la création, il appartient à l’essence de la créature humaine d’avoir été créée par Dieu comme homme et comme femme. Cette dualité est essentielle pour le fait d’être une personne humaine, telle que Dieu l’a donnée. Justement, cette dualité comme donné de départ est contestée. Ce qui se lit dans le récit de la création n’est plus valable : « Homme et femme il les créa » (Gn 1, 27). Non, maintenant ce qui vaut c’est que ce n’est pas lui qui les a créés homme et femme, mais c’est la société qui l’a déterminé jusqu’ici et maintenant c’est nous-mêmes qui décidons de cela. Homme et femme n’existent plus comme réalité de la création, comme nature de l’être humain. Celui-ci conteste sa propre nature. Il est désormais seulement esprit et volonté. La manipulation de la nature, qu’aujourd’hui nous déplorons pour ce qui concerne l’environnement, devient ici le choix fondamental de l’homme à l’égard de lui-même. L’être humain désormais existe seulement dans l’abstrait, qui ensuite, de façon autonome, choisit pour soi quelque chose comme sa nature. L’homme et la femme sont contestés dans leur exigence qui provient de la création, étant des formes complémentaires de la personne humaine. Cependant, si la dualité d’homme et de femme n’existe pas comme donné de la création, alors la famille n’existe pas non plus comme réalité établie à l’avance par la création. Mais en ce cas aussi l’enfant a perdu la place qui lui revenait jusqu’à maintenant et la dignité particulière qui lui est propre. Bernheim montre comment, de sujet juridique indépendant en soi, il devient maintenant nécessairement un objet, auquel on a droit et que, comme objet d’un droit, on peut se procurer. Là où la liberté du faire devient la liberté de se faire soi-même, on parvient nécessairement à nier le Créateur lui-même, et enfin par là, l’homme même – comme créature de Dieu, comme image de Dieu – est dégradé dans l’essence de son être. Dans la lutte pour la famille, l’être humain lui-même est en jeu. Et il devient évident que là où Dieu est nié, la dignité de l’être humain se dissout aussi. Celui qui défend Dieu, défend l’être humain !

dimanche 23 décembre 2012

"Je crois en Jésus Christ, ressuscité le troisième jour."

41 La vie personnelle et sociale, de même que l'agir humain dans le monde, sont toujours marqués par le péché, mais Jésus-Christ, « en souffrant pour nous, (...) ne nous a pas simplement donné l'exemple, afin que nous marchions sur ses pas, mais il a ouvert une route nouvelle: si nous la suivons, la vie et la mort deviennent saintes et acquièrent un sens nouveau ».41 Le disciple du Christ adhère, dans la foi et par les sacrements, au mystère pascal de Jésus, de sorte que son vieil homme, avec ses inclinaisons mauvaises, est crucifié avec le Christ. Comme créature nouvelle, il est alors habilité dans la grâce à « cheminer dans une vie nouvelle » (cf. Rm 6, 4). Toutefois, ce cheminement « ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l'homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l'Esprit Saint offre à tous, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associé au mystère pascal ».42
42 La transformation intérieure de la personne humaine, dans sa conformation progressive au Christ, est le présupposé essentiel d'un réel renouveau de ses relations avec les autres personnes: « Il faut alors faire appel aux capacités spirituelles et morales de la personne et à l'exigence permanente de sa conversion intérieure, afin d'obtenir des changements sociaux qui soient réellement à son service. La priorité reconnue à la conversion du cœur n'élimine nullement, elle impose, au contraire, l'obligation d'apporter aux institutions et aux conditions de vie, quand elles provoquent le péché, les assainissements convenables pour qu'elles se conforment aux normes de la justice, et favorisent le bien au lieu d'y faire obstacle ».43
ينبغي ان نتاكد من القدرات الروحية والاخلاقية للشخص ونتاسس على ضرورة التوبة الداخلية اذا اردنا الوصول الى تغيرات تجتماعية تكون في خدمة الشخص الحقيقية وحسب تعليم المجمع الفاتيكاني الثاني يجب ان يمتد الاحترام والمحبة أيضا إلى أولئك الذين يعتقدون أو يتصرفون بشكل مختلف منا في المجالات السياسية أو الاجتماعية أو الدينية. وعلاوة على ذلك، كلما حاولنا ان ندرك من الداخل،ومع اللطف والمحبة، ما هي نظرتهم الى الواقع، كلما اصبح من السهل الحوار معهم

43 Il n'est pas possible d'aimer son prochain comme soi-même et de persévérer dans cette attitude sans la détermination ferme et constante de s'engager pour le bien de tous et de chacun, car nous sommes tous vraiment responsables de tous.44 Selon l'enseignement conciliaire, « le respect et l'amour doivent aussi s'étendre à ceux qui pensent ou agissent autrement que nous en matière sociale, politique ou religieuse. D'ailleurs, plus nous nous efforçons de pénétrer de l'intérieur, avec bienveillance et amour, leurs manières de voir, plus le dialogue avec eux deviendra aisé ».45 Sur ce chemin, la grâce que Dieu offre à l'homme est nécessaire pour l'aider à surmonter les échecs, pour l'arracher à la spirale du mensonge et de la violence, pour le soutenir et l'inciter à retisser, avec une disponibilité retrouvée, le réseau des relations vraies et sincères avec ses semblables.46
44 Même la relation avec l'univers créé et les diverses activités de l'homme pour en prendre soin et le transformer, quotidiennement menacées par l'orgueil et par l'amour désordonné de soi, doivent être purifiées et portées à la perfection de la croix et de la résurrection du Christ: « Racheté par le Christ et devenu une nouvelle créature dans l'Esprit Saint, l'homme peut et doit, en effet, aimer ces choses que Dieu lui-même a créées. Car c'est de Dieu qu'il les reçoit: il les voit comme jaillissant de sa main et les respecte. Pour elles, il remercie son divin bienfaiteur, il en use et il en jouit dans un esprit de pauvreté et de liberté; il est alors introduit dans la possession véritable du monde, comme quelqu'un qui n'a rien et qui possède tout. “Car tout est à vous, mais vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu” (1 Co 3,
22-23) ».47

mercredi 19 décembre 2012

dimanche 16 décembre 2012

"Je crois en Jésus Christ, qui a souffert sous Ponce Pilate."

 ماذا يعمل العسكر يوم 13 جانفي المقبل 
اليسوا مواطنين كالاخرين يعبرون عن آرائهم في الانتخابات وعند الحاجة بالخروج في الشارع

Avant un ravitaillement à la mer

Extraits choisis de la
Paris, le 14 décembre 2012

Face aux actuelles propositions de lois sociétales sur le mariage et la filiation, certains d’entre vous s’interrogent sur l’attitude de l’Eglise et du diocèse aux armées. Que devons-nous faire ? Nous, institution officielle, et nous, citoyens et fidèles catholiques, membres du diocèse aux armées.
(...) Une étrange interprétation du devoir de réserve circule dans nos rangs : elle voudrait que le militaire s’abstienne de penser, surtout en matière politique. Rappelons que le devoir de réserve des agents de l’Etat porte sur l’expression des orientations de la politique militaire ou étrangère. Rappelons que ce devoir n’abolit pas mais renforce le devoir de conscience. Aujourd’hui, en France, le militaire possède le droit de vote qui constitue l’expression majeure de la responsabilité citoyenne. Il est donc tout à fait curieux que certains contestent au militaire un droit d’expression comme celui de manifester pacifiquement dans le respect du droit français. Il est clair toutefois, que le militaire n’agira pas alors au titre de son métier, militaire ou fonctionnaire de la Défense, mais à titre de citoyen. Le cas vaut identiquement s’il est membre d’un autre ministère, comme celui de la Justice ou des Affaires Sociales, directement concernés par les réformes proposées.
(...) L’autorité politique commande, l’autorité prophétique parle : la confrontation entre Jean Baptiste et Hérode Antipas symbolise merveilleusement ce rapport entre le prophète et le roi, entre le discours prophétique et le décideur politique. Le prophète s’exprime sur la voie publique. Il ne s’agit donc pas de se laisser enfermer dans la fameuse et douteuse « sphère privée » devenue aujourd’hui le lieu de toutes les relégations des sujets trop compliqués à gérer.
(...) Par nécessité le prophète entre en rapport, voire en conflit, avec les intérêts du politique sans jamais entrer dans le jeu politique qui lui ferait contester l’autorité des « rois et des gouvernants ». Manifester dans la rue est un acte politique. C’est aussi un moyen démocratique légitime d’entrer dans le jeu où le peuple reste souverain et exerce son autorité propre : soit indirectement grâce à ses représentants, soit directement par des manifestations ou des élections dont le référendum fait partie. 
(...) Les aumôniers militaires catholiques sont embauchés par le ministère de la Défense en tant que ministres du culte catholique, qualité validée par les pouvoirs religieux accordés par l’aumônier en chef du culte catholique, nommé lui-même par le ministre de la Défense. En n’exprimant pas la doctrine catholique en matière de foi et de mœurs ils trahiraient forcément la mission confiée par la République elle-même et seraient donc en contradiction flagrante avec leur contrat de travail. La nation française reconnaît l’existence de quatre cultes au sein de ses armées et admet leur diversité et leur originalité en matière d’enseignement et de croyance.
Notre employeur, à travers le ministère de la Défense, est l’Etat français. Cet Etat est celui d’un régime démocratique qui ne s’identifie pas au gouvernement en place et encore moins à de simples propositions de lois. C’est au gouvernement de proposer, à nos représentants de voter et au peuple français d’approuver. Ce qui se passe en Egypte, en ces mois difficiles pour le peuple égyptien, montre à l’évidence l’urgence de distinguer très soigneusement les différents niveaux d’exercice de la démocratie, sauf à vouloir confisquer le pouvoir.
Notre République est laïque, ce qui autorise tous les cultes légalement reconnus à s’exprimer librement. C’est aussi un régime démocratique qui laisse toujours au peuple la décision ultime.
Nous sommes heureux de vivre en France, notre patrie terrestre, et selon les appels présents de saint Pierre et de saint Paul, nous prions pour nos autorités politiques : elles peuvent compter sur notre soutien et notre respect.

dimanche 9 décembre 2012

"Je crois à la vie éternelle. Amen."

Hélitreuillage de fret humanitaire sur la "Jeanne"

COMPENDIUM DE LA DOCTRINE SOCIALE DE L'EGLISE

a) En Jésus-Christ s'accomplit l'événement décisif de l'histoire de Dieu avec les hommes
28 La bienveillance et la miséricorde, qui inspirent l'action de Dieu et en offrent la clef d'interprétation, deviennent si proches de l'homme qu'elles assument les traits de l'homme Jésus, le Verbe fait chair. Dans le récit de Luc, Jésus décrit son ministère messianique avec les paroles d'Isaïe rappelant la signification prophétique du jubilé: « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur » (4, 18-19; cf. Is 61, 1-2). Jésus se situe donc dans la ligne de l'accomplissement, non seulement parce qu'il accomplit ce qui avait été promis et qui était attendu par Israël, mais aussi en ce sens plus profond qu'en lui s'accomplit l'événement décisif de l'histoire de Dieu avec les hommes. De fait, il proclame: « Qui m'a vu a vu le Père » (Jn 14, 9). En d'autres termes, Jésus manifeste de façon tangible et d'une manière définitive qui est Dieu et comment il se comporte avec les hommes.
29 L'amour qui anime le ministère de Jésus parmi les hommes est celui qu'a expérimenté le Fils dans l'union intime avec le Père. Le Nouveau Testament nous permet de pénétrer dans l'expérience que Jésus vit et communique de l'amour de Dieu son Père — Abbà — et, par conséquent, au cœur même de la vie divine. Jésus annonce la miséricorde libératrice de Dieu à l'égard de ceux qu'il rencontre sur sa route, à commencer par les pauvres, les marginaux et les pécheurs, et il invite à le suivre parce que lui le premier, et de façon absolument originale, obéit au dessein d'amour de Dieu en tant que son envoyé dans le monde.
La conscience que Jésus a d'être le Fils exprime précisément cette expérience originelle. Le Fils a tout reçu, gratuitement, du Père: « Tout ce qu'a le Père est à moi » (Jn 16, 15). À son tour, il a pour mission de faire participer tous les hommes à ce don et à cette relation filiale: « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous appelle amis, parce que tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître » (Jn 15, 15).
Reconnaître l'amour du Père signifie pour Jésus s'inspirer, pour son action, de la même gratuité et de la même miséricorde de Dieu, génératrices de vie nouvelle, et devenir ainsi, par son existence, un exemple et un modèle pour ses disciples. Ceux-ci sont appelés à vivre comme lui et, après sa Pâque de mort et de résurrection, à vivre en lui et de lui, grâce au don surabondant de l'Esprit Saint, le Consolateur qui intériorise dans les cœurs le style de vie du Christ lui-même.

في يسوع المسيح يحدث اهم حدث في تاريخ الله مع البشر
تقترب فيه الرحمة والحنان الاهي من الانسان الى حد انهما يتجسدان في شخص المسيح وسماته البشرية


b) La révélation de l'Amour trinitaire
30 Le témoignage du Nouveau Testament, avec la stupeur toujours nouvelle de celui qui a été foudroyé par l'amour indicible de Dieu (cf. Rm 8, 26), saisit, à la lumière de la pleine révélation de l'Amour trinitaire offerte par la Pâque de Jésus-Christ, la signification dernière de l'Incarnation du Fils et de sa mission parmi les hommes. Saint Paul écrit: « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? Lui qui n'a pas épargné son propre Fils mais l'a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute faveur? » (Rm 8, 31-32). Saint Jean utilise lui aussi un langage similaire: « En ceci consiste l'amour: ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c'est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés » (1 Jn4, 10).
31 Le Visage de Dieu, progressivement révélé dans l'histoire du salut, resplendit en plénitude sur le Visage de Jésus-Christ Crucifié et Ressuscité. Dieu est Trinité: Père, Fils, Esprit Saint, réellement distincts et réellement un, parce que communion infinie d'amour. L'amour gratuit de Dieu pour l'humanité se révèle, avant tout, comme amour jailli du Père, dont tout provient; comme communication gratuite que le Fils fait de lui, en se redonnant au Père et en se donnant aux hommes; comme fécondité toujours nouvelle de l'amour divin que l'Esprit Saint répand dans le cœur des hommes (cf. Rm 5, 5).
Par les paroles, les œuvres et, de façon pleine et définitive, par sa mort et sa résurrection,30Jésus-Christ révèle à l'humanité que Dieu est Père et que nous sommes tous appelés par grâce à devenir ses fils dans l'Esprit (cf. Rm 8, 15; Ga 4, 6), par conséquent frères et sœurs entre nous. C'est la raison pour laquelle l'Église croit fermement que « la clé, le centre et la fin de toute histoire humaine se trouve en son Seigneur et Maître ».31
32 En contemplant la gratuité et la surabondance du don divin du Fils par le Père, que Jésus a enseigné et dont il a rendu témoignage en donnant sa vie pour nous, l'Apôtre Jean en saisit le sens profond et la conséquence la plus logique: « Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. Dieu, personne ne l'a jamais contemplé. Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, en nous son amour est accompli » (1 Jn 4, 11-12). La réciprocité de l'amour est requise par le commandement que Jésus qualifie de nouveau et dont il dit qu'il est sien: « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres » (Jn 13, 34). Le commandement de l'amour mutuel trace la voie permettant de vivre dans le Christ la vie trinitaire dans l'Église, Corps du Christ, et de transformer avec lui l'histoire jusqu'à son achèvement dans la Jérusalem céleste.
33 Le commandement de l'amour mutuel, qui constitue la loi de vie du peuple de Dieu,32 doit inspirer, purifier et élever tous les rapports humains dans la vie sociale et politique: « Humanité veut dire appel à la communion interpersonnelle »,33 car l'image et la ressemblance du Dieu trinitaire sont la racine de « tout l'“ethos” humain... dont le commandement de l'amour est le sommet ».34 Le phénomène culturel, social, économique et politique contemporain de l'interdépendance, qui intensifie et rend particulièrement évidents les liens qui unissent la famille humaine, met une fois de plus en relief, à la lumière de la Révélation, « un nouveau modèle d'unité du genre humain dont doit s'inspirer en dernier ressort la solidarité. Ce modèle d'unité suprême, reflet de la vie intime de Dieu un en trois personnes, est ce que nous chrétiens désignons par le mot“communion” ».35

dimanche 2 décembre 2012

"Je crois à la résurrection de la chair."

Excursion en Croatie lors de l'escale de la "Jeanne" à Split

CONSEIL PONTIFICAL POUR LA FAMILLE

FAMILLE, MARIAGE ET "UNION DE FAIT"

(II)

IV – Justice et bien social de la famille

La famille, un bien social à défendre en justice

Valeurs sociales objectives à promouvoir 

25 Ainsi compris, le mariage et la famille constituent un bien pour la société parce qu’ils protègent un bien précieux pour les époux eux-mêmes… D’une part, la dimension sociale de la condition de conjoint implique un principe de sécurité juridique: le fait de devenir conjointe ou conjoint ressortant de l’être – et pas seulement de l’agir –, la dignité de ce nouveau signe d’identité personnelle doit faire l’objet d’une reconnaissance publique, et le bien qu’il constitue pour la société doit être estimé à sa juste valeur… En outre, l’intégralité du don mutuel de l’époux et de l’épouse, qui comprend potentiellement la paternité et la maternité, et l’union qui en découle – exclusive et durable elle-aussi – entre parents et enfants, expriment une confiance inconditionnelle qui représente une force et un enrichissement pour tous.
26 La dignité de la personne humaine exige qu’elle naisse de parents unis par le mariage; de l’union intime, totale, mutuelle et permanente – exigible devant les tribunaux – dérivant de la condition d’époux. C’est, par conséquent, un bien pour les enfants. Cette origine est la seule capable de sauvegarder réellement l’identité des enfants, non seulement du point de vue génétique et biologique, mais aussi du point de vue biographique et historique.. En outre, le mariage constitue le milieu humain et humanisant le plus propice à l’accueil des enfants: celui qui se prête le mieux à la sécurité affective, celui qui garantit le mieux l’unité et la continuité du processus d’intégration sociale et d’éducation…Enfin, la continuité ininterrompue entre conjugalité, maternité/paternité, et parenté (filiation, fratrie, etc.) évite à la société les problèmes nombreux et graves qui surgissent lorsque l’enchaînement de ces divers éléments se rompt, et que chacun agit indépendamment des autres.
27 Pour les autres membres de la famille aussi, l’union conjugale comme réalité sociale est un bien. Car dans les familles fondées sur un lien matrimonial, non seulement les nouvelles générations sont accueillies et apprennent à participer aux tâches communes, mais les générations précédentes (grands-parents) ont l’occasion de contribuer à l’enrichissement commun: transmettre leurs expériences, sentir une fois encore la validité de leur service, confirmer leur pleine dignité de personnes par le fait qu’elles sont valorisées et aimées pour elles-mêmes, en participant au dialogue intergénérationnel, souvent si fécond… En même temps, les personnes du troisième âge peuvent envisager l’avenir avec confiance et sécurité, sachant qu’elles seront entourées et soignées par ceux qu’elles ont soignés pendant de longues années. À ce propos, on sait que, lorsqu’une famille remplit vraiment son rôle, les personnes âgées y reçoivent une qualité d’attention qui ne peut être remplacée – sous certains aspects du moins – par celle des institutions étrangères à leur milieu, même excellentes et dotées des équipements techniques les plus avancés.
28 On peut considérer aussi les biens pour l’ensemble de la société dérivant de la communion conjugale, fondement du mariage et origine de la famille. Par exemple, le principe d’identification du citoyen; le principe du caractère unitaire de la parenté – fondement des relations originaires de la vie en société – et de sa stabilité; le principe de transmission des biens et des valeurs culturelles; le principe de subsidiarité: la disparition de la famille contraindrait en effet l’État à se substituer à elle dans les fonctions qui lui sont propres par nature; le principe d’économie, y compris en matière procédurale: car lorsque la famille se brise, l’État doit multiplier ses interventions pour résoudre directement des problèmes qui devraient rester dans la sphère privée et y trouver une solution, avec les coûts élevés qui en résultent tant sur le plan psychologique qu’économique… Enfin, loin de contribuer à accroître la liberté individuelle, le démembrement de la famille rend les individus plus vulnérables et inertes face au pouvoir de l’État, qui de son côté a besoin d’une juridiction de plus en plus complexe qui l’appauvrit.

La société et l’État doivent défendre et promouvoir la famille fondée sur le mariage

29 Bref, la promotion humaine, sociale et matérielle de la famille fondée sur le mariage, et la protection juridique des éléments qui la composent dans son caractère unitaire, est un bien non seulement pour chacun des membres de la famille pris individuellement, mais aussi pour la structure et le bon fonctionnement général des relations interpersonnelles, l’équilibre des pouvoirs, la garantie des libertés, les intérêts éducatifs, l’identité des citoyens et la répartition des fonctions entre les diverses institutions sociales.. Il ne faut pas oublier que si la crise de la famille a été, dans certaines circonstances et sous certains aspects, l’une des causes d’un interventionnisme accru de l’État dans les domaines qui lui sont propres, il n’en est pas moins vrai qu’en maintes autres occasions et sous d’autres aspects, les initiatives des législateurs ont favorisé ou provoqué des difficultés et parfois même la rupture d’un grand nombre de mariages et de familles.



V – Mariage chrétien et union de fait
Mariage chrétien et pluralisme social  

Le processus de sécularisation de la famille en Occident 

32 Malgré tout, tant dans la conscience populaire que dans les systèmes juridiques séculiers, les principes fondamentaux du mariage perdurèrent pendant un certain temps, des principes tels que la valeur précieuse de l’indissolubilité du mariage, et en particulier l’indissolubilité absolue du mariage sacramentel entre deux baptisés, conclu et consommé. L’introduction généralisée, dans les divers systèmes législatifs, de ce que le Concile Vatican II qualifie d’«épidémie du divorce», se traduisit par un obscurcissement progressif, dans la conscience sociale, de la valeur de cette grande conquête de l’humanité au cours des siècles… Habituellement, ceux qui se marient suivant les modalités établies (par l’Église et l’État, selon les cas) peuvent et veulent contracter un mariage véritable. La tendance à l’union conjugale est connaturelle à la personne humaine, et de cette décision découlent l’aspect juridique du pacte conjugal et la naissance d’un lien conjugal véritable.

Le mariage, institution de l’amour conjugal, et les autres types d’union

34 En ce qui concerne le premier point, on dit souvent que l’amour est le fondement du mariage, et que celui-ci est une communauté de vie et d’amour, mais on n’insiste pas toujours suffisamment sur le fait qu’il constitue l’institution conjugale, en négligeant ainsi la dimension de justice propre au consentement. Le mariage est une institution. La méconnaissance de cette réalité est souvent à l’origine d’une grave confusion entre le mariage chrétien et les unions de fait: les personnes engagées dans une union de fait peuvent elles-aussi affirmer que leur relation est fondée sur l’«amour» (mais il s’agit d’un amour que le Concile Vatican II qualifie desic dicto libero), et qu’elles forment une communauté de vie et d’amour (mais cette communauté se distingue substantiellement de la communitas vitae et amoris coniugalis qu’est le mariage.
35 Dieu a voulu que le pacte conjugal originel, le mariage de la Création, soit un signe permanent de l’union du Christ avec l’Église, en devenant ainsi véritablement un sacrement de la Nouvelle Alliance. Il faut bien comprendre que ce caractère sacramentel n’est pas surajouté ou extrinsèque à la nature du mariage. Bien au contraire, le mariage lui-même, que le Créateur a voulu indissoluble, est élevé au rang de sacrement par l’action rédemptrice du Christ, sans que cela n’entraîne la moindre «dénaturation» de sa réalité. La méconnaissance de la particularité de ce sacrement par rapport aux autres donne souvent lieu à des malentendus qui obscurcissent la notion de mariage sacramentel. ..Les baptisés ne se présentent pas seulement à l’Église pour célébrer une fête selon des rites spéciaux, mais pour contracter un mariage pour toute la vie, sacrement de la Nouvelle Alliance. Par ce sacrement, ils participent au mystère de l’union du Christ avec l’Église et expriment leur union intime et indissoluble.