"Je crois à la résurrection de la chair."
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Philippe DARANTIERE, Pour une action politique catholique. La stratégie du levain dans la pâte, Editions de Paris, Versailles, 2005, pp. 28-37.
Le Christ n'a pas confié la direction de la cité à son Eglise.
Mais il a révélé aux hommes la source du pouvoir politique: elle
est en Dieu... De cette révélation, la cité chrétienne a tiré
deux bienfaits.
Le premier est le principe de transcendance: puisque tout pouvoir
vient de Dieu, la légitimité du temporel relève de sa soumission à
l'ordre divin...
Le second principe politique qu'enseigne le Christ est la
séparation des pouvoirs temporels et spirituels.. C'est au contraire
un principe évangélique. Comme tel, il est inséparable de la
Rédemption, et se relie donc au premier principe de transcendance.
La reconnaissance de l'Eglise par le pouvoir temporel romain n'est
pas vécue comme un aboutissement mais comme un point de départ.
L'Eglise a reçu la mission de « tout renouveler dans le
Christ », et l'organisation des hommes en société ne doit pas
échapper à cet impératif missionnaire. .. Benoît de Nursie, fils
de patricien, élabore la règle de vie chrétienne qui sera durant
des siècles l'instrument privilégié de l'évangélisation. Les
moines réalisent en effet une société chrétienne idéale, sous la
règle du travail et de la prière, dans l'obéissance à un abbé qui
tient la place de Dieu, et dans une charité mutuelle qui tend
entièrement à célébrer la gloire de Dieu. En deux siècles
encore, cet idéal de société chrétienne aura essaimé dans tout
le monde connu, gagnant à la foi les plus farouches rois barbares..
C'est en fondant l'exercice de l'autorité publique sur
l'autonomie du politique dans la sujétion à la Vérité révélée
que la chrétienté va s'organiser au sortir de l’empire romain..
Eclairée par l'enseignement de l'Eglise, l'autorité politique de l'époque poursuit une mission, qui est d'assurer le Bien Commun.
C'est en effet parce que toute la création est ordonnée à Dieu que
l'organisation des hommes en société doit permettre, favoriser et
parfois faire épanouir les vertus chrétiennes dont l'exercice
ici-bas assure à l'homme le salut éternel. La vocation du politique
est simple: créer, au moyen de la loi, l'ordre en vue du bien
commun. Le principe de l'origine divine du pouvoir impose que sa
pratique tende au bien voulu par Dieu. Il est même du devoir des
responsables politiques de réaliser les conditions du bien commun:
la paix, la justice, la protection des faibles, etc. Cette doctrine
du bien commun va devenir la pensée politique de l'Eglise... Tout
cela se réalise dans l'autonomie de la sphère politique, conçue
comme un aspect de la vie morale. L'Eglise ne privilégie en cela
aucun régime: les républiques et les monarchies coexistent au Moyen
Age... le prince chrétien.. il n'est que le dépositaire du bien
qui lui est confié par sa naissance. C'est tout le sens de
l'expression: « Le Christ, Roi de France, le roi, vicaire du
Christ ». Le pouvoir est une charge, un service. Chaque roi en
rend compte à Dieu dans le secret de sa vie spirituelle.
.. Machiavel. Tirant des leçons de l'effacement de la notion de
bien commun, il inaugure la notion de rapport de force comme
instrument principal de l'exercice du pouvoir. La sécularisation de
la société est en route.
Malgré l'essor religieux prodigieux que provoque le Concile de
Trente, la sécularisation de la société va se poursuivre tout au
long du XVII° siècle, à mesure qu'évolue la doctrine du pouvoir.
Pour les Lumières, l'homme naît fondamentalement libre. Séparé
des autres, il entretient des relations d'autonomie et d'égalité
formelle avec eux. Comme sa liberté ne peut être limitée que par
celle du voisin, il est naturellement conduit à s'organiser en
société, pour codifier d'un commun accord l'usage respectif que
l'un et l'autre feront de leur liberté. C'est le « contrat
social ». Il n'est plus question d'une organisation sociale
fondée sur l'unité de nature du genre humain, ordonnée au bien
commun comme une condition favorable au salut des âmes. La raison
rejette « à la fois le principe d'autorité et celui de
finalité ». La loi n'est plus qu'une convention, une règle du
jeu librement établie par les parties, et révocable par elles. Le
seul fondement de la loi est la volonté populaire. Affranchie de son
origine divine, l'autorité de la raison peut se donner à elle-même
sa finalité: le bonheur de l'humanité par le progrès des
sciences et des techniques. La nature peut et doit être maîtrisée
pour que l'homme profite de ses bienfaits. Pour cela, il convient
d'abolir les privilèges et les corporations, afin que chacun puisse
librement épanouir ses talents au profit de tous. Cette utopie
matérialiste va directement inspirer la Révolution française.
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