dimanche 2 décembre 2012

"Je crois à la résurrection de la chair."

Excursion en Croatie lors de l'escale de la "Jeanne" à Split

CONSEIL PONTIFICAL POUR LA FAMILLE

FAMILLE, MARIAGE ET "UNION DE FAIT"

(II)

IV – Justice et bien social de la famille

La famille, un bien social à défendre en justice

Valeurs sociales objectives à promouvoir 

25 Ainsi compris, le mariage et la famille constituent un bien pour la société parce qu’ils protègent un bien précieux pour les époux eux-mêmes… D’une part, la dimension sociale de la condition de conjoint implique un principe de sécurité juridique: le fait de devenir conjointe ou conjoint ressortant de l’être – et pas seulement de l’agir –, la dignité de ce nouveau signe d’identité personnelle doit faire l’objet d’une reconnaissance publique, et le bien qu’il constitue pour la société doit être estimé à sa juste valeur… En outre, l’intégralité du don mutuel de l’époux et de l’épouse, qui comprend potentiellement la paternité et la maternité, et l’union qui en découle – exclusive et durable elle-aussi – entre parents et enfants, expriment une confiance inconditionnelle qui représente une force et un enrichissement pour tous.
26 La dignité de la personne humaine exige qu’elle naisse de parents unis par le mariage; de l’union intime, totale, mutuelle et permanente – exigible devant les tribunaux – dérivant de la condition d’époux. C’est, par conséquent, un bien pour les enfants. Cette origine est la seule capable de sauvegarder réellement l’identité des enfants, non seulement du point de vue génétique et biologique, mais aussi du point de vue biographique et historique.. En outre, le mariage constitue le milieu humain et humanisant le plus propice à l’accueil des enfants: celui qui se prête le mieux à la sécurité affective, celui qui garantit le mieux l’unité et la continuité du processus d’intégration sociale et d’éducation…Enfin, la continuité ininterrompue entre conjugalité, maternité/paternité, et parenté (filiation, fratrie, etc.) évite à la société les problèmes nombreux et graves qui surgissent lorsque l’enchaînement de ces divers éléments se rompt, et que chacun agit indépendamment des autres.
27 Pour les autres membres de la famille aussi, l’union conjugale comme réalité sociale est un bien. Car dans les familles fondées sur un lien matrimonial, non seulement les nouvelles générations sont accueillies et apprennent à participer aux tâches communes, mais les générations précédentes (grands-parents) ont l’occasion de contribuer à l’enrichissement commun: transmettre leurs expériences, sentir une fois encore la validité de leur service, confirmer leur pleine dignité de personnes par le fait qu’elles sont valorisées et aimées pour elles-mêmes, en participant au dialogue intergénérationnel, souvent si fécond… En même temps, les personnes du troisième âge peuvent envisager l’avenir avec confiance et sécurité, sachant qu’elles seront entourées et soignées par ceux qu’elles ont soignés pendant de longues années. À ce propos, on sait que, lorsqu’une famille remplit vraiment son rôle, les personnes âgées y reçoivent une qualité d’attention qui ne peut être remplacée – sous certains aspects du moins – par celle des institutions étrangères à leur milieu, même excellentes et dotées des équipements techniques les plus avancés.
28 On peut considérer aussi les biens pour l’ensemble de la société dérivant de la communion conjugale, fondement du mariage et origine de la famille. Par exemple, le principe d’identification du citoyen; le principe du caractère unitaire de la parenté – fondement des relations originaires de la vie en société – et de sa stabilité; le principe de transmission des biens et des valeurs culturelles; le principe de subsidiarité: la disparition de la famille contraindrait en effet l’État à se substituer à elle dans les fonctions qui lui sont propres par nature; le principe d’économie, y compris en matière procédurale: car lorsque la famille se brise, l’État doit multiplier ses interventions pour résoudre directement des problèmes qui devraient rester dans la sphère privée et y trouver une solution, avec les coûts élevés qui en résultent tant sur le plan psychologique qu’économique… Enfin, loin de contribuer à accroître la liberté individuelle, le démembrement de la famille rend les individus plus vulnérables et inertes face au pouvoir de l’État, qui de son côté a besoin d’une juridiction de plus en plus complexe qui l’appauvrit.

La société et l’État doivent défendre et promouvoir la famille fondée sur le mariage

29 Bref, la promotion humaine, sociale et matérielle de la famille fondée sur le mariage, et la protection juridique des éléments qui la composent dans son caractère unitaire, est un bien non seulement pour chacun des membres de la famille pris individuellement, mais aussi pour la structure et le bon fonctionnement général des relations interpersonnelles, l’équilibre des pouvoirs, la garantie des libertés, les intérêts éducatifs, l’identité des citoyens et la répartition des fonctions entre les diverses institutions sociales.. Il ne faut pas oublier que si la crise de la famille a été, dans certaines circonstances et sous certains aspects, l’une des causes d’un interventionnisme accru de l’État dans les domaines qui lui sont propres, il n’en est pas moins vrai qu’en maintes autres occasions et sous d’autres aspects, les initiatives des législateurs ont favorisé ou provoqué des difficultés et parfois même la rupture d’un grand nombre de mariages et de familles.



V – Mariage chrétien et union de fait
Mariage chrétien et pluralisme social  

Le processus de sécularisation de la famille en Occident 

32 Malgré tout, tant dans la conscience populaire que dans les systèmes juridiques séculiers, les principes fondamentaux du mariage perdurèrent pendant un certain temps, des principes tels que la valeur précieuse de l’indissolubilité du mariage, et en particulier l’indissolubilité absolue du mariage sacramentel entre deux baptisés, conclu et consommé. L’introduction généralisée, dans les divers systèmes législatifs, de ce que le Concile Vatican II qualifie d’«épidémie du divorce», se traduisit par un obscurcissement progressif, dans la conscience sociale, de la valeur de cette grande conquête de l’humanité au cours des siècles… Habituellement, ceux qui se marient suivant les modalités établies (par l’Église et l’État, selon les cas) peuvent et veulent contracter un mariage véritable. La tendance à l’union conjugale est connaturelle à la personne humaine, et de cette décision découlent l’aspect juridique du pacte conjugal et la naissance d’un lien conjugal véritable.

Le mariage, institution de l’amour conjugal, et les autres types d’union

34 En ce qui concerne le premier point, on dit souvent que l’amour est le fondement du mariage, et que celui-ci est une communauté de vie et d’amour, mais on n’insiste pas toujours suffisamment sur le fait qu’il constitue l’institution conjugale, en négligeant ainsi la dimension de justice propre au consentement. Le mariage est une institution. La méconnaissance de cette réalité est souvent à l’origine d’une grave confusion entre le mariage chrétien et les unions de fait: les personnes engagées dans une union de fait peuvent elles-aussi affirmer que leur relation est fondée sur l’«amour» (mais il s’agit d’un amour que le Concile Vatican II qualifie desic dicto libero), et qu’elles forment une communauté de vie et d’amour (mais cette communauté se distingue substantiellement de la communitas vitae et amoris coniugalis qu’est le mariage.
35 Dieu a voulu que le pacte conjugal originel, le mariage de la Création, soit un signe permanent de l’union du Christ avec l’Église, en devenant ainsi véritablement un sacrement de la Nouvelle Alliance. Il faut bien comprendre que ce caractère sacramentel n’est pas surajouté ou extrinsèque à la nature du mariage. Bien au contraire, le mariage lui-même, que le Créateur a voulu indissoluble, est élevé au rang de sacrement par l’action rédemptrice du Christ, sans que cela n’entraîne la moindre «dénaturation» de sa réalité. La méconnaissance de la particularité de ce sacrement par rapport aux autres donne souvent lieu à des malentendus qui obscurcissent la notion de mariage sacramentel. ..Les baptisés ne se présentent pas seulement à l’Église pour célébrer une fête selon des rites spéciaux, mais pour contracter un mariage pour toute la vie, sacrement de la Nouvelle Alliance. Par ce sacrement, ils participent au mystère de l’union du Christ avec l’Église et expriment leur union intime et indissoluble.

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