Mise
au point à propos de ce qui est dit ici et là de plus en plus
souvent sur le P. Hamel et son assassin.
La
méconnaissance de la doctrine catholique de la grâce dans l’Église
de notre temps éclate à travers les réflexions qui sont proposées
à l'occasion de l'assassinat du P. Hamel : c'est inquiétant
quand on pense que l’Église est précisément l'intendant de la
grâce en ce monde. Mais par delà l'émotionnel, rappelons-nous
quelques vérités.
Tout
d'abord, satan n'a pas le pouvoir de tuer les gens. Pour tuer les
gens, il est obligé de se trouver des suppôts en ce monde, et ce
sont eux qui exécutent ses basses œuvres. Ce fut déjà le cas pour
la mort du Christ telle qu'elle est rapportée par les Evangiles. De
même, pour tuer les enfants à naître, il lui faut comme suppôts
des députés qui votent une loi inique, des ministres de la santé
très vigilants sur l'accès universel à l'IVG, des médecins qui
prononcent et exécutent la sentence au cas par cas, pour l'indemnité
portée à 666 € l'acte. Pour le P. Hamel, c'est aussi la même
chose : les suppôts de satan, comme on les appelaient encore il
y a peu, sont responsables et de leurs actes, et de la connivence
plus ou moins délibérée qu'ils ont avec lui. Ce sont eux les
assassins, et à ce titre ils commettent des péchés mortels qui les
damneront s'ils ne se convertissent pas. Le P. Hamel, plutôt que de
désigner son assassin par les mots sans doute surinterprétés qui
ont été repris, exprimait plus vraisemblablement le sentiment de
satan qui rôde à l'heure de la mort, comme cela est rapporté de
saint Martin de Tours dans les mêmes termes, bien qu'il n'ait pas
été assassiné par un islamiste.
Ensuite,
la valeur rédemptrice du sang d'un homme, même martyr, ne suffit
pas à ouvrir le ciel à un autre homme : le sang du martyr peut
tout au plus mériter pour son bourreau des grâces qui aideront sa
conversion : ce qui lui permettra de se racheter s'il en a le
temps. Le cas le plus fameux dans l'histoire de l’Église est celui
de saint Etienne et de saint Paul. Etienne n'a pas gagné le Ciel à
Paul, mais lui a obtenu des grâces pour aider une conversion
fulgurante, comme l'était le personnage, ce qui lui a ouvert la
carrière ecclésiastique que l'on sait. Il n'a donc pas gagné son
Ciel, grâce à saint Etienne, tout en persévérant dans la
persécution juive du christianisme naissant ; mais bien en se
dévouant corps et âme à l'annonce de cette Voie dont il était
d'abord l'ennemi. Seul le sang du Christ peut ouvrir le Ciel à tous
ceux qui se tournent vers lui pour être sauvés : et encore
n'est-ce pas un automatisme aussi saint que puissant, mais il
fonctionne par la folie de la prédication. C'est par
l'évangélisation des islamistes que le sang de leurs victimes
pourra trouver la fécondité qui les arrache à la voie de haine qui
les détruit, et leur rende accessibles les chemins d'un changement
radical de leur vie : Jésus miséricordieux peut pardonner de
tels crimes et les guérir dans la sainte Eglise.
Enfin,
Jésus seul est notre paix, lui qui a fait des deux, un seul peuple ;
dans sa chair crucifiée, il a fait tomber ce qui les séparait, le
mur de la haine, en supprimant les prescriptions juridiques de la loi
de Moïse (cf. Ep 2, 13-16). En supprimant les prescriptions
juridiques de la loi, il instaure le culte spirituel, l'adoption
filiale proposée à tous les hommes sans exclusive. C'est la raison
pour laquelle il est crucial aujourd'hui de relire dans le préambule
de la Déclaration sur la Liberté religieuse de Vatican II,
l'affirmation de l'unique vraie religion instituée par Dieu, qui
subsiste dans l’Église catholique, et le devoir de tous les
hommes, personnes et sociétés, de s'interroger en conscience et de
se convertir dès lors que cela leur apparaît comme la vérité.
Multiplier les démarches interreligieuses en miroir, c'est faire la promotion de ces prescriptions juridiques que le Christ a abolies, et systématiquement tourner le dos
à la seule possibilité de paix qui nous soit donnée en ce monde :
la Bonne Nouvelle de Jésus Christ notre Seigneur à qui veut
l'entendre.
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