Homélie pour la messe du 21 janvier A.D. 2014
Le port de Singapore
La coïncidence
liturgique a voulu que nous entendions le récit de l'onction de
David, précisément aujourd'hui. De fait, lorsque saint Rémi donne
l'onction à Clovis, tous sont conscients que par delà les empereurs
païens de l'antiquité, on retrouvait la lignée des rois de
l'Ancien Testament, faisant ainsi du roi de France la figure
christique du bon berger au plan temporel, comme le sacerdoce l'est
sacramentellement au plan spirituel.
C'est l'occasion de
rappeler quelques points de Doctrine Sociale de l'Eglise pour
éclairer les temps que nous vivons. L'Eglise n'est attachée à
aucune forme particulière de gouvernement, et elle est libre envers
tous les pouvoirs d'ici-bas. Elle ne reconnaît comme divinité, une
et indivisible, que la Sainte Trinité, le seul vrai Dieu, le Dieu
vivant. Elle ne juge pas les régimes sur les devises qu'ils gravent
aux frontons des édifices publics, mais aux fruits qu'ils
produisent. Elle est donc capable, comme chacun d'entre nous, de
faire la différence entre la gestion des affaires publiques « en
bon père de famille », comme l'on dit, qui transmet le
patrimoine et l'augmente de siècle en siècle, et les aventuriers du
pouvoir qui se disputent le pays en alternance comme une proie à
ravir.
Car pour l'Eglise, le
fondement de la société n'est pas le contrat social, mais la
famille. Il y a donc une antériorité de la famille et de la société
sur l'Etat dont l'autorité s'exerce légitimement en vue du bien
commun. Celui-ci n'est pas l'intérêt général, qui n'est que la
concurrence et la complicité des intérêts particuliers, qui finit
invinciblement par la domination des plus forts sur les plus
faibles : c'est ainsi que le bienheureux Jean Paul II avait
prévenu qu'une démocratie sans valeurs transcendantes se dégrade
toujours en totalitarisme déclaré ou sournois. Le bien commun est
au contraire toujours donné, il est notre humanité même, attachée
aux plus petits qu'il faut toujours protéger et servir.
Lorsque les autorités
publiques agissent ouvertement contre le bien commun, l'exercice du
pouvoir n'est plus légitime ; les transgressions
parlementaires, quelle que soit la forme démocratique de leur
promulgation ne créent aucune obligation mais au contraire un devoir
d'objection de conscience ; on glisse vers la tyrannie. Le
Catéchisme de l'Eglise Catholique enseigne que la société civile
ainsi agressée et les citoyens, ont non seulement le droit mais le
devoir de légitime défense, par tous les moyens, dans les seules
limites de la morale naturelle et évangélique ; ils donneront
encore ce qui appartient au bien commun.
Dans notre pays où la
légitimité du régime est mise en question par des lois de plus en
plus ouvertement contraires à la dignité de la personne humaine,
quand le gouvernement piétine lui-même quotidiennement la légalité
républicaine dans une dérive dictatoriale telle que les instances
européennes s'en inquiètent, il est important de savoir qu'il
existe des lois fondamentales de la France, fixées par l'expérience
des siècles, dont certaines, pour la stabilité du régime,
désignent toujours à coup sûr le chef légitime, par son sexe et
son ordre de naissance. D'où l'acclamation « Le roi est mort.
Vive le roi ! » puisque il y a toujours un roi et il est
toujours connu.
Nous avons donc une
magnifique espérance, sachant que la France n'a jamais manqué, de
par la Providence divine, de celui qui est toujours le chef légitime,
désigné ni par la volonté du peuple, ni par le caprice des hommes,
mais plus profondément même que les péripéties de l'Histoire, par
la réalité des faits. L'actuel héritier était interviewé il y a
un an ou deux, sur des questions de culture et de patrimoine
historique, le seul domaine qui lui soit actuellement consenti.
Sortant quelque peu du sujet, la journaliste s'enhardit à lui
demander : « ainsi donc, Monseigneur, vous prétendez
à... » Il ne lui laissa pas finir sa phrase et témoigna: « je
ne prétends à rien : je suis. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire